Vieillissant, contesté mais finalement triomphant: Usain Bolt a revêtu les habits de héros de l'athlétisme pour priver l'ex-dopé Justin Gatlin d'une résurrection totale en finale du 100 m des Mondiaux de Pékin, et entretenir sa légende.
"L'Eclair" jamaïcain est bel et bien l'icône incontestable de l'athlétisme. Habituel champion prêt le Jour-J, Bolt, 29 ans, a fait fi de deux années de misère pour conserver son titre mondial.
Il devient ainsi l'athlète le plus médaillé (11) et le plus titré (9) de l'histoire des Mondiaux, qui existent depuis 1983. Sans compter ses six titres olympiques équitablement répartis entre 2008 et 2012.
Comme un signe avant-coureur, l'après-midi a été orageuse sur Pékin, laissant rouler l'écho de la foudre depuis les montagnes entourant la capitale chinoise.
Mais la pluie n'est pas tombée, Bolt a gagné, et le déluge de polémique entourant la place des anciens dopés dans l'athlétisme actuel devient moins prégnante.
Qu'aurait-il été dit si Gatlin, suspendu cinq ans durant sa carrière, rattrapé à deux reprises par des contrôles positifs, avait renoué avec le titre mondial dimanche, dix ans après son sacre à Helsinki?
Bolt a, au moins pour un temps, remisé les questions. Elles reviendront probablement dès mardi, avec le premier tour du 200 m, dont les deux adversaires seront les favoris.
Dimanche, la légende du sprint a dû s'arracher pour devenir triple champion du monde du 100 m.
En demi-finale d'abord, où après avoir trébuché peu après le départ, il a laissé croire au monde que sa quête allait s'arrêter là.
En finale surtout, où il a été poussé dans ses derniers retranchements par Gatlin, finalement devancé d'un centième (9.79 contre 9.80).
"Ce n'était pas le meilleur de moi, j'ai encore trébuché", a confié Bolt. "Je suis venu ici relax, sans stress et je ramène ça à la maison. Mon but est rester le numéro un jusqu'à ce que je me retire", a-t-il ajouté.
Il n'y avait qu'à entendre l'explosion de joie du Nid d'Oiseau pour comprendre que Bolt venait là de gagner bien plus qu'un nouveau titre.
Les deux hommes s'étaient affrontés pour la dernière fois le 6 septembre 2013, à Bruxelles, avec un Bolt loin devant Gatlin, 4e.
Depuis, l'Américain avait enchaîné 21 victoires consécutives sur 100 m. Jusqu'à dimanche.
Bolt, pendant ce temps, n'avait couru qu'un 100 m en salle en 2014 en Pologne, et seulement trois en 2015 dont une exhibition avant d'arriver en Chine, où il ajoute une ligne de plus à sa légende.
Il n'y a pas eu de miracle en revanche pour le Français Jimmy Vicaut, 8e en 10 sec 00, battu au millième par des monstres comme Tyson Gay (6e) et Asafa Powell (7e), ce qui ne le consolera guère.
Dimanche était décidément le jour du retour des grands, avec la victoire de la Britannique Jessica Ennis-Hill.
L'héroïne britannique des jeux Olympiques de Londres est revenue par la grande porte, en renouant avec le titre mondial en heptathlon qu'elle avait décroché une première fois en 2009 à Berlin.
Trois autres titres ont été décernés mardi, pour la 2e journée des Mondiaux de Pékin.
L'Américain Joe Kovacs a dominé le poids avec 21,93 m et le Polonais Pawel Fajdek a conservé comme attendu le titre mondial du lancer du marteau, avec un jet à 80,88 m. Tous deux étaient les favoris.
En matinée, le marcheur espagnol Miguel Angel Lopez avait décroché le plus beau titre de sa carrière, à 27 ans, avec l'or du 20 km marche (1 h 19 min 14 sec).
De la marche au sprint, c'était une journée remettre sur pied les valeurs de l'athlétisme.